La Liberté, Fribourg, 21 mai 2019

Une décharge qui inquiète (1)

     "Un projet de décharge de type B de 600 000 m3, dans la gravière à laquelle le village est adossé, a vu le jour à Ménières. Les annexes de l’ordonnance fédérale (OLED) admettent nombre de matériaux faiblement contaminés (l’autorité peut «autoriser des teneurs supérieures») en métaux lourds, composés organiques, etc. dont les atomes, jamais inertes, se lient parfois en composés pervers. Direction, géologue et avocat répétèrent que le site était idéal. Pour qui?

     Les nouvelles décharges sont stables. Les problèmes apparaissent après plusieurs dizaines d’années quand les eaux d’infiltration, l’érosion, le tassement, les variations climatiques ont fait leur travail de sape. Les habitants sont perplexes, qui endurent la disparition de leur forêt, le danger des camions, les poussières, l’atteinte à la valeur immobilière. Les experts assurent qu’une couche de marne garantit l’étanchéité du site.

     Lors de la séance d’information, un agriculteur objecta que pendant une période de grande sécheresse son champ était demeuré vert. Curieux, il avait cherché la cause, jusqu’à teinter les eaux d’infiltration de la carrière: ce sont elles qui ressortent dans son champ!

     Une futée villageoise demanda si des cultures bio pourraient être cultivées sur le trou une fois comblé. La réponse fut positive… à condition d’empêcher le contact avec les matériaux contaminés.  

     L’avocat fit une abstruse plaidoirie en faveur des grenouilles qui disparaîtraient si la décharge de type B était refusée. Argumentaire tellement insolite qu’on se demandait s’il parlait des batraciens ou de la direction de la gravière."  

     Pierre Perroud

     (1) Titre de la Rédaction.

 

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