Des Stances de nombre impair.
Les Stances de nombre impair sont agréables, mais aussi elles sont difficiles, en ce qu'elles doivent toujours avoir trois vers sur une même rime, sans qu'ils soient de suite.
Stances de cinq, de sept, de neuf & de treize vers.
Je tâche d'étouffer ces flammes criminelles
Qui m'ont fait mépriser votre juste courroux.
Je déclare la guerre à mes sens infidéles,
Et veux les élever aux choses éternelles;
Mais je ne puis, mon Dieu, les dompter que par vous.GOMBERVILLE.
Le temps qui produit les saisons,
Les tient l'une à l'autre enchaînées.
Et le soleil marchant par ses douze maisons
Renouvelle les jours, les mois, & les années.
Il n'en est pas ainsi du destin de nos jours;
Quand la Parque en borne le cours,
Nous entrons dans des nuits qui ne sont pas bornées.GOMBERVILLE.
Nos inconstances continues
Nous font errer par l'Univers,
Et sous mille climats divers
Voir mille terres inconnues:
Mais nous voyageons vainement,
Notre esprit inquiet nous fait toujours la guerre;
Ainsi pour vivre heureusement,
Il ne faut point changer de terre,
Il faut changer de sentiment.GOMBERVILLE.
Oui des Béïs & des Malherbes
Doivent mettre leurs vers au jour:
Mais que la Ville & que la Cour
Souffre jamais ces mangeurs d'herbes,
Ces petits rimeurs déchaînés,
Qui depuis le blocus sont nés,
Par l'avarice des Libraires.
Ah! par ma foi, c'est un abus;
Et si jamais Monsieur Phoebus
Donne quelque ordre à ses affaires,
Tous ces Ecrivains de bibus
Abjureront bientôt leur fausse poësie,
Qu'on tient sur l'Hélicon pire qu'une hérésie.SCARON.