La Liberté, Fribourg, 14 décembre 2013

Vivre à Ménières pour le meilleur et ... le meilleur (1)

     Quand j'ai décidé de m'installer à Ménières mon entourage a souri avec condescendance: ni opéra, ni métro, pas de synchrotron, pas encore d'université; l'éloignement, le brouillard de la Broye, la proximité du ravin de rösti. Que n'ai-je ouï? Cependant les lugubres présages ont été balayés.

     Pendant que mes collègues étouffent dans les bouchons et maugréent sous une tenace couverture de stratus je marche dans des forêts qui sentent le pin, l'ail des ours, le clitocybe anisé. Le brouillard de la Broye, notoire aux temps anciens des marécages, se réduit à quelques journées diaphanes. Et au lieu d'être isolé, je me retrouve à proximité de plusieurs capitales cantonales, des lacs, des Alpes.

     Ici pas de palaces, mais les équipements cachés sont stupéfiants. Les sages de la commune ont fait venir l'eau des Préalpes, toujous pure et fraîche: un luxe dont sont privés les misérables de la Place Vendôme ou de la 5e Avenue.

     Alors que bien des villes attendront longtemps le progrès, Ménières est équipée, en sus du téléréseau, de la fibre optique à vitesse quasiment illimitée: de quoi faire rêver nombre d'entreprises! Ces bonus de qualité de vie valent davantage que les glaireux forfaits fiscaux que sont contraints d'octroyer les bleds peu sexy.

     Le clocher du village rythme la vie: silence après 21 heures, jusqu'à 7 heures. Le reste est travail: on n'oublie pas que le bien-être est dû au labeur, non des banquouses, mais de Messieurs les paysans qui ont drainé, essarté, écroûté, labouré, hersé, serfoui, semé, pour que la communauté retire les fruits de la récolte.

     Pierre Perroud

     (1) Titre de la Rédaction.

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