La Liberté, Fribourg, 6 janvier 2014

La primauté de la solidarité (1)

     Nous avons reçu en période de Nativité un «Journal de l’initiative» consacré à l’avortement: du mauvais goût, en porte-à-faux avec nos traditions de Noël. Les auteurs proclament que les assurances ne doivent pas prendre en charge les soins apportés aux femmes contraintes à avorter, cela étant une affaire personnelle.

     Or, si les assurances ne devaient pas rembourser ce qui relève de la responsabilité personnelle, alors il faudrait que la règle s’appliquât à tous (pas seulement à toutes) et refuser aussi la prise en charge des dépenses causées par la consommation d’alcool, de tabac ou de drogue, par les chauffards, les obèses, ceux qui pratiquent des sports dangereux ou ceux qui s’exposent au soleil, tous coupables d’atteinte volontaire à la santé ou à la vie, tous reportant leurs frais de traitement sur l’ensemble des assurés.

     Comme si elles n’étaient pas déjà suffisamment violentées, sous-payées, emburquées, les femmes sont seules à subir l’attaque du libelle, et avec dédain: la détresse de l’avortement est associée aux troubles psychiques, à l’alcoolisme, à la drogue. Malheureusement partout l’on voit des fanatiques religieux, des partis fielleux, des intégristes atrabilaires s’acharner contre les femmes. Mais attention: parmi elles, il y a celles que nous aimons: nos mères, nos femmes, nos filles, qui ne seront ménagées que si toutes sont respectées.

     Il y a un mécanisme de solidarité dans nos assurances, incompris de ceux qui bafouent nos valeurs jusqu’à piétiner la devise nationale – un pour tous, tous pour un – d’un peuple auquel ils sont fondamentalement étrangers.

     Pierre Perroud

     (1) Titre de la Rédaction.

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