La Liberté, Fribourg, 4 mars 2022

Entorse à la liberté de la presse (1)

La presse étrangère a révélé l’affaire des «Suisse Secrets» qui met en cause Credit Suisse: une avalanche d’informations, d’analyses et de révélations. Il s’agit, pour reprendre les termes de ces médias, de fortunes de dictateurs, de politiciens corrompus, de réseaux criminels ou mafieux.

Faute de vraie liberté de la presse, les médias suisses n’ont pas osé participer à cette investigation: en effet au chapitre 13 de la loi sur les banques, on lit qu’il peut en coûter cinq ans de prison et 250 000 francs d’amende à ceux qui révéleraient un secret dans ce domaine. Grâce à cette menace, la majorité parlementaire protège les opérations immorales.

La lecture de la presse a réveillé en moi le souvenir d’une visite au retable de l’Agneau mystique des frères van Eyck, à Gand en 1995. J’avais demandé mon chemin à deux motards de la police. Au vu des plaques de ma voiture, ils se sont mis à m’insulter: «Sale Suisse, avec tes banques!» Comme ils étaient ivres, tout pouvait arriver. J’ai pu les calmer en leur disant que les vrais Suisses fréquentaient de sympathiques Raiffeisen (à l’époque…) ou de simples banques cantonales.

Les touristes suisses écopent souvent des railleries au sujet du savoir-faire helvétique: secret bancaire, argent clandestin, fraude fiscale. On nous lance à la figure l’or des nazis, les fonds juifs, l’argent du crime, etc. Ignorants, nous avons commis l’erreur d’élire des politiciens douteux. Il faudrait, au moins, interdire aux deux grandes banques internationales l’usage de l’épithète «suisse» afin que la saleté cesse d’éclabousser l’ensemble du pays et sa population.

Pierre Perroud

(1) Titre de la Rédaction.

 

rainbow

[Athena]   [Publications]

Send comments on page to mail_pp_unige
Copyright © 1986, 1994, 2022 ATHENA - Pierre Perroud. All Rights Reserved.

Owl