La Liberté, Fribourg, 4 août 2021
La science du général Jomini s’applique à l’Afghanistan (1)
La débâcle des Américains et de leurs subalternes en Afghanistan surprend quelques-uns (La Liberté du 30 juillet). Le pays a été pilonné durant des dizaines d’années, fêtes et mariages inclus. Même dévastation en Irak: les images des centres de torture, tel Abou Ghraib, infestent toujours le Web et nos esprits. On n’oublie pas le Vietnam: l’arrosage effréné de bombes à fragmentation, agents toxiques, napalm sur les Indochinois n’a pas empêché la défaite et le rembarquement chaotique des GI.
Les soudards crédules qui mitraillent des inconnus à des milliers de kilomètres de chez eux se battent pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. Ceux qui portent uniforme et médailles méprisent leurs adversaires asymétriques et déguenillés: terroristes, résistants ou «bandits» comme les paysans suisses qui ont écrasé les Habsbourg à Morgarten, Sempach, Näfels. Au contraire, les autochtones ont un tenace idéal: chasser l’envahisseur de leurs terres.
Le général Jomini, ce Payernois qui a fondé l’Ecole supérieure de guerre russe, a publié son Précis de l’art de la guerre en 1840. Un chapitre est consacré aux «guerres nationales» qui «sont les plus redoutables de toutes», car elles se «font contre une population (…) animée d’un noble feu pour son indépendance». «Chaque habitant armé connaît les moindres sentiers (…); partout il trouve un parent, un frère, un ami, qui le seconde.» Faute d’armes en suffisance, guets-apens, sabotages, terre brûlée, etc. finissent par exténuer l’étranger.
Les textes de notre compatriote sont toujours commentés dans l’académie qu’il a fondée et ils méritent d’être médités ailleurs.
Pierre Perroud
(1) Titre de la Rédaction.
-> Citation complète de A.-H. Jomini
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