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JOMINI, Antoine-Henri (1779 - 1869)

 

     Les guerres nationales dont nous avons déjà été forcé de dire quelques mots en parlant de celles d'invasion, sont les plus redoutables de toutes; on ne peut donner ce nom qu'à celles qui se font contre une population entière, ou du moins contre la  majorité de cette population animée d'un noble feu pour son indépendance; alors chaque pas est disputé par un combat; l'armée qui entre dans un tel pays n'y possède que le champ où elle campe; ses approvisionnements ne peuvent se faire qu'à la pointe de l'épée; ses convois sont partout menacés ou enlevés.
     Ce spectacle du mouvement spontané de toute une nation se voit rarement, et s'il présente quelque chose de grand et de généreux qui commande l'admiration, les suites en sont si terribles que, dans l'intérêt de l'humanité, on doit désirer de ne le voir jamais.
     Un tel mouvement peut être produit par les causes les plus opposées: un peuple serf se lève en masse à la voix de son gouvernement, et ses maîtres mêmes lui en donnent l'exemple en se mettant à sa tête, lorsqu'ils sont animés d'on noble amour pour leur souverain et pour la patrie: de même un peuple fanatique s'arme à la voix de ses moines, et un peuple exalté par des opinions politiques, ou par l'amour sacré qu'il porte à ses institutions, se précipite au-devant de l'ennemi pour défendre ce qu'il a de plus cher.
     Antoine-Henri Jomini, Précis de l'art de la guerre ou Nouveau traité analytique des principales combinaisons de la stratégie, de la grande tactique et de la politique militaire, tome second, Librairie J.-B. Petit, Bruxelles 1840. Chapitre I, article VIII, Des Guerres nationales pp 26-27.

     C'est surtout lorsque les populations ennemies sont appuyées d'un noyau considérable de troupes disciplinées, qu'une pareille guerre offre d'immenses difficultés . Vous n'avez qu'une armée, vos adversaires ont une armée et un peuple entier levé en masse ou du moins en bonne partie; un peuple faisant arme de tout, dont chaque individu conspire votre perte, dont tous les membres, même les non-combattants, prennent intérêt à votre ruine en la favorisant par tous les moyens. Vous n'occupez guère que le sol sur lequel vous campez; hors des limites de ce camp, tout vous devient hostile, et multiplie, par mille moyens, les difficultés que vous rencontrez à chaque pas.
     Ces difficultés deviennent surtout sans mesure lorsque le pays est fortement coupé d'accidents naturels: chaque habitant armé connaît les moindres sentiers et leurs aboutissants; partout il trouve un parent, un frère, un ami, qui le seconde: les chefs connaissant de même le pays et apprenant à l'instant le moindre de vos mouvements, peuvent prendre les mesures les plus efficaces pour déjouer vos projets, tandis que, privés de tous renseignements, hors d'état de risquer des détachements d'éclaireurs pour en recevoir, n'ayant d'autre appui que dans vos baïonnettes, et de sûreté que dans la concentration de vos colonnes, vous agissez en aveugles: chacune de vos combinaisons devient une déception, et lorsqu'après les mouvements les mieux concertés, les marches les plus rapides et les plus fatigantes, vous croyez toucher au terme de vos efforts et frapper un coup de foudre, vous ne trouvez plus d'autres traces de l'ennemi que la fumée de ses bivouacs; assez semblables à Don-Quichotte, vous courez ainsi contre des moulins à vent, lorsque votre adversaire se jette lui-même sur vos communications, écrase les détachements laissés pour les garder, surprend vos convois, vos dépôts, et vous fait une guerre désastreuse dans laquelle il faut nécessairement succomber à la longue.
     Antoine-Henri Jomini, Précis de l'art de la guerre ou Nouveau traité analytique des principales combinaisons de la stratégie, de la grande tactique et de la politique militaire, tome second, Librairie J.-B. Petit, Bruxelles 1840. Chapitre I, article VIII, Des Guerres nationales p. 28.